Le vaginisme, qu'est-ce que c'est ?
Le vaginisme est loin d’être l’un des troubles intimes les plus connus. Il est même parfois qualifié de « trouble imaginaire », souvent du au fait qu’il est (à tort) associé systématiquement à une souffrance psychologique liée à sa sexualité. Défini le plus souvent comme étant l’apparition de douleur lors d’une pénétration, il s’avère être un peu plus complexe, et relève en fait de vraies réaction physiologiques. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est très fréquent ! On estime à 1 personne sur 5 qui est ou sera touchée par le vaginisme, et représente 30% des consultations de sexologie. Il n’existe aucun débat, le vaginisme provoque bel et bien des douleurs, voire empêche de vivre la sexualité voulue. Mais savons-nous vraiment ce qu’est le vaginisme ? Et comment vivre sa sexualité lorsque nous sommes concerné.e.s ? Fava à la rescousse, on a mené notre enquête, et on vient vous apporter toutes les réponses à vos questions ! Avant de continuer, nous profitons de remercier chaleureusement Elise Thiébaut et Camille Tallet, autrices du livre « Au bonheur des vulves », paru aux éditions LEDUC, pour la mine d’informations qu’est leur livre. Ce dernier s’est révélé être un véritable support pour la rédaction de cet article. Merci à elles, et n’hésitez pas à aller lire leur livre !
#1 Le vaginisme, qu’est-ce que c’est ?
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Le périnée, acteur principal de la pathologie
Pour comprendre le vaginisme, il faut se pencher sur le principal intéressé : le périnée. Le périnée, c’est un « hamac de muscles » situé dans la zone pelvienne, allant chez les personnes vulvaires de l’os du pubis jusqu’au coccyx. Il est responsable de maintenir les voies digestives, urinaires et génitales. Typiquement, c’est lui qui se charge de l’ouverture et la fermeture de la vessie. Le périnée est un muscle merveilleux, mais qui, dans le cadre du vaginisme, nous donne un peu de fil à retordre. Puisque le vaginisme, c’est la contraction réflexe et involontaire des muscles du périnée lors d’une pénétration, la rendant douloureuse, voire impossible. Ici, ce n’est pas la contraction qui est douloureuse, mais bien la tentative de pénétration. On distingue deux types de vaginismes :
- Le vaginisme primaire, existant depuis « toujours »
- Et le vaginisme secondaire, qui apparait au cours de sa sexualité.
- Loin des idées reçues
Le vaginisme, comme beaucoup de pathologies vulvaires, est victime de nombreuses idées reçues, alors revenons sur celles-ci.
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Le vaginisme, c’est dans la tête !
Oui et non. Disons qu’il se peut que la contraction du périnée soit effectivement liée à un traumatisme, donc psychologique. Mais les contractions elles, existent belles et bien.
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Une personne atteinte de vaginisme ne peut pas mettre de tampon.
Et bien parfois si, et parfois non. En fait, il se peut que les contractions n’aient lieu que lors de la pénétration de certaines choses, que lors de la pénétration d’un pénis par exemple, tandis que la pénétration d’un tampon, d’un spéculum ou d’un jouet ne soit pas douloureuse. Il arrive même que le pénis de certains partenaires le soit, tandis que d’autres non.
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Les personnes atteintes de vaginisme ne peuvent pas avoir d’enfant.
Encore une fois, oui et non. Le vaginisme n’a pas d’impact direct sur la fertilité, en revanche, si cela rend la pénétration impossible, il n’est évidemment pas possible de concevoir un enfant dans le cadre d’un couple hétérosexuel. A noter que la pathologie n’est pas irréversible, et est (heureusement) amenée à disparaitre.
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Le vaginisme résulte tout le temps d’un choc psychologique.
C’est sans doute l’idée reçue la plus courante. Pour y répondre, dédions à cette question une partie spéciale de l’article !
#2 Les causes du vaginisme
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Les causes psychologiques
Il arrive que le vaginisme survienne après un choc psychologique, récent ou non. Parmi ces chocs l’on retrouve souvent les agressions sexuelles, les viols, ou plus largement les abus sexuels. Le corps envoie ici le message d’empêcher la pénétration pour se protéger. Mais on retrouve aussi des causes diverses : inhibition, appréhension de la sexualité, croyances culturelles ou religieuses, traumatisme lors de l’accouchement… qui elles aussi peuvent amener le corps à se « protéger ».
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Les autres causes
Au-delà de la psychologie, les muscles périnéaux peuvent se contracter en cas de sécheresse, infection, maladie dermatologique inflammatoire, ou d’une chirurgie récente…
#3 Quelles sont les solutions ?
Bien heureusement, il existe un tas de solutions pour se sortir du vaginisme, même si le remède miracle n’existe pas ! Chaque personne est différente, et il faut souvent un peu de temps et s’armer de patience.
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Les méthodes dites « naturelles »
La plupart des solutions au vaginisme ne sont pas médicamenteuses, puisque s’il ne résulte pas d’une maladie, il résulte du mental. Pour se détendre, il peut être conseillé de pratiquer le yoga, la méditation, la sophrologie, pour apprendre à communiquer sainement avec son corps et donc, renouer avec sa sexualité. En cas de choc psychologique, les thérapies peuvent être envisagées : psychothérapies, EMDR (thérapie de désensibilisation aux traumatismes) … Mais aussi l’acupuncture ou l’homéopathie peut vous être proposé, en fonction de vos croyances. Et la méthode sans doute la moins contraignante et la moins onéreuse… la masturbation ! Elle permet de vous reconnecter avec votre sexualité, à votre rythme et en douceur. D’abord sans pénétration, puis en l’intégrant petit à petit lors de vos séances. Naturellement, cette solution ne doit pas avoir lieu que si vous le désirez.
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Les méthodes médicamenteuses
Il arrive que les méthodes naturelles ne suffisent pas toujours, et que le vaginisme soit difficile à vivre dans la sexualité de certain.e.s. Il est alors tout à fait possible de se tourner vers des traitements médicamenteux, venant soulager symptomatiquement le vaginisme : des anxiolytiques, des antidépresseurs ou de la crème anesthésiante pour empêcher les douleurs. Les solutions adaptées sont propres à chacun.e, en fonction de son histoire et de ses ressentis.
#4 Vivre avec le vaginisme
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Réapprendre sa sexualité
Être atteint.e de vaginisme, ne veut pas dire faire une croix sur sa sexualité. Peu importe votre genre ou votre orientation sexuelle, la pénétration n’est pas la seule pratique sexuelle possible d’envisager, et n’est pas – par défaut – le cœur d’un rapport. Il peut donc être envisagé d’imaginer une autre forme de rapports sexuels avec votre/vos partenaires si vous le souhaitez. Cependant, il est entendable que vous n’ayez pas envie de pratiquer une quelconque activité sexuelle non plus, ou de ne pas vouloir en faire si une pénétration n’a pas lieu. C’est vous qui choisissez ! L’important, c’est de rester à l’écoute de soi, qu’importe vos désirs.
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Le vaginisme, loin d’être une fatalité
Comme déjà dit plus haut, le vaginisme n’est pas irréversible. Dans la plupart des cas, il faut un peu de temps pour que vous, et votre corps, soyez capables de (re)pratiquer une pénétration, qu’elle soit sexuelle ou non. Avec du temps, de l’aide, et surtout avec beaucoup de bienveillance, le vaginisme peut être résolu. Et c’est comme cela que nous conclurons cet article. En vous rappelant que vous n’êtes pas seul.e, qu’il est fréquent chez les personnes vulvaires, et qu’il est possible d’en guérir. N’hésitez pas à vous tourner vers un.e professionnel.le de santé si vous en êtes atteint.e ou si vous pensez l’être. N’hésitez pas non plus à poser toutes vos questions sur le vaginisme en commentaire et à partager cet article !
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Sources :
« Au bonheur des vulves » - Elise Thiébaut et Camille Tallet https://doctonat.com/vaginisme-traitement/ https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-anatomie-et-examens/2552720-perinee-definition-anatomie-comment-le-masser/